Assurant qu’il était autant ministre de l’Agriculture que de l’Alimentation, le nouveau tenant du portefeuille, Didier Guillaume, a assuré aux industriels de l’agroalimentaire, lors de son discours d’inauguration, qu’il saurait les accompagner dans la transition qu’ils étaient en train d’opérer pour répondre « aux attentes sociétales pour plus de transparence et de traçabilité ». Tout en rappelant que « la France est le pays où le système sanitaire est le plus sûr du monde ».
« Le gouvernement va mobiliser le volet agricole du grand plan d’investissement, dans lequel 1,7 milliard d’euros est fléché sur le maillon industriel », a rappelé le ministre. Il a annoncé la signature « dans les prochains jours » d’une convention avec BPI France pour le financement d’un accélérateur de PME agroalimentaires, visant à favoriser le développement d’entreprises à fort potentiel.
Ces engagements de l’Etat, vis-à-vis du secteur alimentaire, vont aussi se décliner dans la feuille de route du Contrat stratégique de la filière agroalimentaire. Contrat élaboré par les représentants du secteur et qui devrait être signé prochainement, visant à « aligner » les priorités de l’Etat et des entreprises autour de projets structurants, a-t-il ajouté.
Les « flexitariens » courtisés
Quelque 7.200 exposants de 119 pays sont présents au Sial pour promouvoir innovations et valeurs sûres. Parmi les 400.000 produits présentés, pas moins de 2.500 nouveautés sont attendues.
Au premier rang des créateurs d’innovations alimentaires, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) va présenter les résultats de ses recherches. Il s’agit notamment « des farines mixtes pour fabriquer des pâtes qui associent blé et légumineuses comme les pois, les lentilles et les fèves, et offrent des profils en acides aminés essentiels optimum, permettant aux gens qui mangent moins de viande d’équilibrer leur alimentation en protéines », a expliqué à l’AFP son président, Philippe Mauguin.
Une manière de satisfaire le « flexitarien gourmand » courtisé par les organisateurs du salon. Il mange moins de viande mais de meilleure qualité. Dans cette optique, les burgers de viande maturée, présentés au salon, seront peut-être une des solutions pour contrer la baisse de consommation, alors que l’élevage de masse est cité comme l’une des sources du réchauffement climatique.
Sur fond de prise de conscience de ce phénomène et face aux polémiques et scandales qui secouent régulièrement le secteur de l’alimentation en France, les organisateurs résument les souhaits des consommateurs en trois mots: « du goût, du vrai, du sens », sur la base d’une vaste étude réalisée dans une quinzaine de pays-clés par Kantar TNS.
L’explosion du « snacking »
« Nous sommes vraiment dans un virage », affirme le directeur général du réseau Sial, Nicolas Trentesaux, organisateur de la manifestation. « Le dogme des méga-marques mondiales perd de l’importance » et « nous assistons à une émergence de beaucoup de petites marques pointues, portées notamment par une ‘food tech’ très active en France » et l’envolée mondiale du phénomène de « snacking », la restauration rapide et nomade.
Le Sial devrait aussi être le théâtre d’une « explosion » de l’offre de légumineuses, super-fruits, super-légumes, super-graines, micro-algues. « Permettant de manger des protéines de manière gourmande », selon Xavier Terlet, président du cabinet XTC World innovation qui analyse les tendances mondiales.
L’étude Kantar TNS, qui porte sur cinq pays occidentaux clés (France, Espagne, Allemagne, Royaume Uni et Etats-Unis), la Russie, la Chine, des Etats du Moyen-Orient ainsi que la Malaisie et l’Indonésie, montre aussi une soif de « transparence » des mangeurs urbains.
M. Terlet souligne des innovations « nombreuses et variées » en matière de « naturalité et de bio », dont le chiffre d’affaires a explosé en France en 2017, à 8 milliards d’euros contre 7 milliards en 2016.
Alors que la planète compte en moyenne une centaine de millions de bouches à nourrir supplémentaires chaque année et que le monde a « atteint un point de non retour » en matière de changement climatique selon l’Onu, les entreprises agroalimentaires ont « bien pris la mesure des enjeux », affirme M. Trentesaux.