À Loriol-sur-Drôme, dans les champs de Christian Clair, patron de l’Earl Clair Fruits, les structures métalliques viennent à peine de pousser au milieu des rangées de cerisiers. Les branchements ne sont pas encore réalisés. Mais déjà l’agriculteur drômois veut croire que ces hautes persiennes photovoltaïques, juchées à 4,65m de hauteur au-dessus de son verger, amélioreront son rendement. Focus sur l‘agrivoltaïsme dynamique.
L’agrivoltaïsme dynamique pour la protection des cultures
«Chaque année, avec la pluie nous perdons une partie de notre production. Les cerises se gorgent d’eau et éclatent. Et je ne parle même pas des années de gel», explique-t-il. Après deux années consécutives à perdre 80% de sa production, à cause du gel, l’agriculteur espère avoir trouvé la bonne méthode.
«Théoriquement ce dispositif doit protéger mes cultures de la pluie qui abîme les fruits, du soleil qui brûle l’écorce de l’arbre et l’affaiblit, de la grêle grâce aux filets intégrés au dispositif, de la mouche suzuki grâce aux bâches tendues et probablement, en partie, du gel», détaille l’arboriculteur, qui souhaite aussi réaliser 30% d’économie d’eau en limitant l’évapotranspiration.
Un outil de protection globale que l’agriculteur voit sortir de terre depuis le mois de janvier sur une parcelle de 2.000m2 d’arbres existants. «Quand nous avons vu ce que proposait Sun’Agri en 2019 sur le salon Tech & Bio, nous avons tout de suite tilté avec mon fils. Nous allions pouvoir améliorer notre rendement, produire avec moins d’intrants en se protégeant des aléas climatiques et même faire des économies, le tout sans débourser le moindre centime», s’enthousiasme Christian Clair à l’aube du lancement de sa parcelle expérimentale.
Le principe de la parcelle expérimentale…
Car l’installation de la structure ne coûtera rien à l’agriculteur. En effet, Sun’Agri prend en charge la totalité des frais. Car Sun’Agri améliore par ce biais ses performances de recherche et développement. En pratique, la société installe des persiennes photovoltaïques sur une structure en pieux battus, dans une parcelle exposée nord sud, à côté d’une parcelle témoin de la même surface. Elle équipe les arbres de capteurs. Un monitoring qui va permettre d’orienter les ombrières, en fonction des besoins du verger. Sun’Agri fournira également des filets et des bâches de protection, installés à 3,65m.
«Nous aurons les résultats de l’expérimentation en temps réel. Nous allons suivre les réactions de chacune des quatre variétés plantées dans notre champ, les primulats, les burlats, les folfers et les bigalises», applaudit Christian Clair. Mais avant même que l’expérience ne rende ses premiers enseignements, l’agriculteur se projette déjà dans un nouveau projet, plus grand, plus ambitieux et qui va totalement changer sa pratique culturale.
…qui donne envie de plus
«Sur cette parcelle expérimentale, les arbres qui ont quatorze ans en moyenne sont taillés en gobelet. D’ici l’automne 2022, nous prévoyons, avec mon fils, de nous lancer un nouveau défi: construire un nouveau verger de type mur fruitier sous des persiennes photovoltaïques. Il serait constitué de 24 variétés de cerises», souligne-t-il. Un projet d’agrivoltaïsme dynamique qu’il mènerait également avec Sun’Agri, avec un suivi agronomique par la chambre d’agriculture de la Drôme.
Pour être plus productif, l’agriculteur envisage de planter ses arbres à 1,50m d’intervalles contre 3m aujourd’hui. «Nous taillerons aussi ce nouveau verger en axe, comme nous le faisons d’habitude pour les pommiers. Nous gagnerons du temps en taille et en récolte. Selon nos premiers calculs nous passerions de 25t de cerises récoltées par an à 65t sur 3,5ha.» D’autant que Christian Clair imagine également mécaniser la taille en utilisant un lamier.
Une première étape avant d’essayer d’appliquer cette nouvelle méthode culturale aux abricotiers, aux kiwis et aux poires, puisque sur les 37ha dont 20 plantés qu’il exploite, Christian Clair produit bien d’autres fruits que les cerises. L’arboriculteur cultive aussi des pêches, des nectarines, des grenades bio, des clémentines, du citron ou encore du Yuzu. «Si nous installons des protections nous devons changer notre pratique», explique-t-il, convaincu que le procédé est réplicable aux différents types de cultures.
Agrivoltaïsme dynamique: quid de la production d’électricité ?
«La production électrique et le verger seront totalement distincts. Nous ne toucherons aucune rétribution, pas même un loyer. Mon objectif reste d’améliorer mon rendement, pas de produire de l’électricité», tranche-t-il. Et pourtant l’agriculteur a bien signé un bail emphytéotique de trente ans avec Sun’Agri.
«Nous ne payons jamais de loyers aux agriculteurs avec lesquels nous travaillons. C’est une question d’éthique. Nous sommes tout à fait conscients de la spéculation et de la pression foncière exercées aujourd’hui. Si nous ne voulons pas déséquilibrer le secteur agricole et permettre aux jeunes d’avoir accès au foncier agricole, nous ne devons pas modifier l’équilibre», justifie Charlotte Jouve, ingénieure agronome et responsable marketing et partenariats chez Sun’Agri. Néanmoins, elle souligne que sur les projets à venir les agriculteurs pourraient devenir actionnaires de l’outil de production électrique.
Un investissement de 800.000€
Elle poursuit: «Dans le cas présent l’électricité produite sur la parcelle expérimentale ne sera pas vendue. Par contre, le projet à taille réelle qu’ambitionne monsieur Clair produira 2,2MWc. L’électricité générée via les 5.000 modules installés sera ensuite réinjectée dans le réseau. Elle représente l’équivalent de la consommation de 600 foyers. De plus elle permet de financer intégralement l’outil agricole de monsieur Clair.»
Ces installations, qui entrent dans le programme Cultivons demain, représentent un investissement de 800.000€, porté par RGreen Invest via sa plateforme de financement Râcines. L’ambition de Sun’Agri et de RGreen Invest, à l’horizon 2025, est d’équiper 300 exploitations en France permettant l’amélioration des rendements agricoles sur 1.500 à 2.000ha.
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