Des pionniers de l’agrivoltaïsme en cuma en Dordogne, avec des discussions entamées il y a deux ans déjà. Le groupe d’agriculteurs périgourdins « envisage toutes les énergies susceptibles de générer de la plus-value pour la trentaine d’adhérents », explique Sébastien Reynier, ancien président de la cuma et actuel trésorier. Aujourd’hui, les terres de la dizaine d’agriculteurs prêts à se lancer sont éligibles à la charte agrivoltaïsme du département. Des surfaces de moins d’un hectare qui seraient raccordées entre elles au réseau électrique. Ce qui entraîne de nombreux défis.
Agrivoltaïsme en cuma pour garder un maximum de plus-value
« L’investissement est important pour une cuma. Faut-il passer par une société tierce ? Ce n’est pas forcément notre conception du projet », met en avant l’agriculteur.
« Nous voulons garder un maximum de plus-value qui revient à l’agriculteur et ne pas aller vers un système rentier avec des propriétaires qui louent les terres. La structuration par rapport aux capitaux nécessaires ? C’est la grande question aussi. Nous discutons de tout cela avec la chambre d’agriculture. L’avantage de l’agrivoltaïsme, cela dit, c’est que c’est un investissement qui n’est pas chronophage au quotidien une fois installé », souligne-t-il encore.
Petit agrivoltaïsme mieux intégré
D’autant plus sur un territoire parsemé de petites fermes, souvent en polyculture, avec en toute logique une bonne partie des surfaces en pâturage.
« Ce peut être une chance pour nos départements qui reposent sur du mini-parcellaire. Et je pense qu’à partir du moment où une cuma conçoit ce genre de projet, il sera bien intégré dans le paysage vis-à-vis du voisinage. Quand ce sont des grands groupes, sur de grandes surfaces, qui récupèrent la majeure partie de la plus-value, le reste, c’est un peu moins leur affaire. Pour nous, l’aspect intégration est aussi dans notre viseur. Tout comme le maintien du tissu agricole. Nous n’avons pas vocation à devenir des rentiers », répète l’éleveur.
Un prix à payer pour l’agrivoltaïsme en cuma
De nombreuses questions se règlent petit à petit à chaque réunion. Sans que Sébastien Reynier ne puisse en dévoiler davantage, tant que le projet n’est pas arrêté.
« La partie administrative est clairement un frein. Notamment quant à la nature d’un petit projet pour lequel un raccordement est nécessaire. Et cela représente un coût financier plus grand qu’un gros projet constitué d’un seul bloc. Mais c’est le prix à payer pour que les agriculteurs s’organisent eux-mêmes sans l’intervention d’un tiers. Il faudrait des solutions pour que ces projets agrivoltaïques d’une taille modeste soient mieux valorisés », assure Sébastien Reynier.
Alternative aux grands groupes qui font flamber le foncier
Des difficultés qui vont coûter du temps aux éleveurs, à la cuma et à la chambre d’agriculture. « Pourtant, nous répondons à une problématique sociétale nationale et européenne. Nous proposons une alternative à l’investissement de grands groupes qui font monter le prix du foncier et créent une concurrence déloyale. Une concurrence qui évince parfois même des fermiers de leur terre. Nous avons eu le cas à la fin du bail où le propriétaire a préféré vendre. Il nous faut absolument nous positionner en force de proposition. Les agriculteurs sont les premiers acteurs du monde agricole. Et les cuma ne doivent pas s’effacer aux profits d’intérêts autres que l’agriculture », défend Sébastien Reynier.
Statut cuma et agrivoltaïsme
Que permettent les statuts des cuma dans le cadre de projets agrivoltaïques ? Depuis juillet 2024, la loi sur l’accélération des énergies renouvelables et ses arrêtés font évoluer le cadre légal.
À la cuma Champagnacoise, le principal souci, c’est que les panneaux ne sont ni sur des parcelles ni sur un bâtiment qui appartiennent à la cuma. « La condition de l’installation de panneaux au titre de la cuma, c’est la présence d’une production agricole sur la parcelle. La location de bâtiment ou de terrain à un tiers par la cuma est interdite. Cependant, une dérogation existe lorsque le bien est inutilisé par la cuma et génère moins de 50 % du chiffre d’affaires. Elle pourrait louer le reste de son terrain à un exploitant, qui porterait l’activité agricole et l’opération d’agrivoltaïsme », détaille Rodolphe Deffieux, animateur de la fdcuma. Ce dernier précise toutefois qu’il ne gère pas le dossier et qu’aucune décision n’est encore prise.
La cuma du Caudeau fait face à un cas un peu similaire. « Nous souhaitons construire un bâtiment où stocker le matériel et installer des panneaux sur le toit », explique le président, Olivier Arnaud. Sauf qu’investir plus de 500 000 € pour le bâti et les panneaux n’est pas une mince affaire. Même si retour sur investissement, il y avait. « C’est viable, mais le retour est très long. Pour limiter les coûts, on envisage de trouver un investisseur. Car l’idée première est d’avoir un toit et pas de vendre l’électricité », précise l’agriculteur.
Avant de lancer une bouteille à la mer. « Il est quand même dommage de ne pas bénéficier d’aides. Pour un territoire et la décarbonation, ce genre d’initiative est important. Du côté des investisseurs, je ne suis pas convaincu qu’ils apportent beaucoup à l’agriculture », conclut Olivier Arnaud.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :