« Nous allons être en séance publique au Sénat la semaine prochaine et j’espère pouvoir convaincre (les sénateurs, NDLR) de revenir (…) à notifier les pourcentages d’agriculture biologique dans la restauration collective », en apportant des chiffres précis « pour pouvoir se donner des objectifs et les respecter », a déclaré le ministre sur Europe 1 mercredi matin.
Sous l’influence d’un groupe de sénateurs LR qui estimaient qu’un objectif précis pour le bio pourrait être contre-productif, la commission des Affaires économiques du Sénat a supprimé l’objectif de parvenir à 20% de bio en restauration collective publique au plus tard le 1er janvier 2022 dans le texte du projet de loi, qui avait été adopté par l’Assemblée nationale le 30 mai.
L’article 11 du texte conserve seulement l’objectif de parvenir à 50% de produits de qualité et labellisés dans les cantines d’ici 2022, mais ne comporte plus d’objectif précis sur le bio. « Nous avons besoin de structurer une offre en agriculture biologique, nous avons besoin que plus d’agriculteurs puissent se convertir à l’agriculture biologique », a noté mercredi Stéphane Travert, sans plus de détail.
En septembre, il avait annoncé la fin du versement par l’Etat des aides au maintien des agriculteurs bio, prolongeant les aides à la conversion.
Le ministre a aussi fait valoir que les agriculteurs bio allaient devoir trouver des solutions de remplacement au sulfate de cuivre, considéré comme toxique, pour traiter leurs plantes contre les maladies fongiques bactériennes.
Le remplacement du sulfate de cuivre, communément utilisé en agriculture bio sous le nom de « bouillie bordelaise » pour lutter contre les tavelures du pommier ou les mildiou de la vigne et de la pomme de terre, « pose un problème » car il n’existe pas aujourd’hui « de solutions alternatives et donc nous devons les trouver », a-t-il déclaré, reprenant les mêmes arguments que ceux qu’il utilise depuis plusieurs mois pour « trouver des alternatives » à l’herbicide chimique contesté glyphosate.
Selon M. Travert, trois types d’agricultures au moins seraient à même de bénéficier d’exemption en cas d’interdiction du glyphosate d’ici trois ans: « l’agriculture de conservation » (sans labour du terrain avec des couverts végétaux entre les périodes de culture), « l’agriculture en terrasse », et « l’agriculture qui concerne la production de fruits et légumes destinés à l’industrie » (qui interdit toute mauvaise herbe à tout moment dans les cultures).
Interpellé par des agriculteurs lors d’un déplacement en Bretagne avec M. Travert et son collègue de l’environnement Nicolas Hulot, le président de la République Emmanuel Macron s’est déclaré pour sa part mercredi « convaincu » que « 80% à 90% des cas » d’utilisation du glyphosate sont gérables par d’autres solutions.
« Il y a des alternatives manuelles et d’organisation, mécaniques, il y a des alternatives avec d’autres produits naturels qu’il faut qu’on homologue et dont on doit regarder les propriétés, mais c’est faux de dire qu’il n’y a pas d’autres solutions », a dit le président qui souhaite « sortir des guerres de tranchées sur ce sujet ». « Les choses ne sont ni blanches ni noires », a abondé Nicolas Hulot. « Si déjà on arrive à se passer de 80% à 90% on aura fait un chemin fantastique », a-t-il souligné.