Au cœur des Hautes-Alpes, dans des espaces naturels privilégiés et des paysages inoubliables, la cuma de la Queste rassemble huit adhérents, dont trois sont en pluriactivité. Yonel Davin travaille seul sur son exploitation. «Loic, lui, a créé une ETA et il est aussi seul sur sa ferme. Tous les deux nous sommes installés en ovins viande et nous manquions de main d’œuvre.»
Ces deux pluri-actifs ont donc décidé de créer un groupement d’employeurs. Pendant la saison d’hiver, entre janvier et fin avril, Yonel monte en station pour faire du damage, de 17h à 0h30 ou de 2h à 9h30. «Je ne suis pas fils de paysans, je me suis installé par goût. En revanche, je suis saisonnier parce que ça me permet d’avoir la sécurité d’un salaire et aussi parce que la retraite agricole ne fait pas rêver. Travailler ailleurs m’a permis d’investir sur la ferme.»
Loïc Séard a lui aussi créé son exploitation et gère en plus une entreprise de travaux agricoles. «Ici nous avons deux périodes d’agnelage par an, en février-mars et en septembre-novembre. Le troupeau de Loïc est entre 600 et 700 brebis, le mien entre 500 et 600. Avec 200 à 300 agnelages par mois, l’hiver en intérieur demande énormément de main d’œuvre.»
Se libérer du temps
Depuis deux ans, les deux éleveurs ovins se sont organisés en groupement d’employeurs grâce à la cuma. Ils font travailler un même berger qui s’occupe des troupeaux le matin chez l’un et chez l’autre. «Il est chez moi de 7h30 à 9h30 et de 10h à 12h chez Loïc, pendant la saison d’hiver. Il donne les soins aux animaux. Sur l’année, ça n’est pas encore possible de l’embaucher, mais ce serait bien de pouvoir pérenniser l’emploi. C’est plus intéressant que le service de remplacement. Ensuite, sur la période d’été, nous embauchons chacun un berger salarié sur nos exploitations.»
Sans le cadre offert par la cuma, le projet aurait été plus compliqué à mener à bien. «L’opportunité du groupement d’employeurs en cuma nous a ouvert des facilités et une meilleure organisation du travail. Le salaire oscille entre 12,28 et 11,87 de coût horaire. Le salarié est payé au smic, entre 80 et 95 heures par mois pendant quatre ou cinq mois. La cuma nous permet d’embaucher sans créer un groupement d’employeurs indépendant. La fdcuma se charge du bulletin de salaire et de l’administratif. Le jeune que nous faisons travailler est un collègue de nos bergers. Loïc et moi nous nous coordonnons pour ses horaires, en fonction de nos besoins. Cette organisation permet de se libérer du temps aussi pour quelques loisirs. J’arrive à prendre cinq jours l’été et deux ou trois week-end par an.»
Dans l’attente du bâtiment
A Saint-Bonnet-en-Champsaur, le DiNA de la cuma de Queyrel a fait ressortir une multitude de projets: engagements revus, règlement intérieur, parts sociales, festivités et même un projet bâtiment. Un renouveau qui n’est pas pour déplaire à Cédric Motte, son président. «Nous avons avancé, nous avons un terrain communal en vue pour ce bâtiment. Il faut voir dans quelles conditions et comment il nous sera laissé» commente Cédric Motte.
Le groupe d’exploitants accueille aussi de jeunes agriculteurs hors cadre dont l’installation ne se serait pas faite sans la cuma. «Ce sont de nouveaux adhérents qui amènent des projets, donc un échange» apprécie l’éleveur bovins. «C’est mon deuxième mandat. Nous sommes issus d’une cuma plus importante. Aujourd’hui nous sommes dix adhérents, dont plusieurs en gaec. Pour faire avancer les projets, nous avons créé des groupes de travail: collecte de l’huile, des déchets, commandes groupées… et ça marche bien. Il y a une vraie dynamique.»
la cohésion du groupe
La cuma gère déjà une vingtaine de matériels «et nous avons trois dossiers d’investissement en cours: une charrue déchaumeuse, une bétaillère, un conditionneur.» Au titre des projets nés du Dina, la cuma de Queyrel a aussi engagé une réflexion pour embaucher un salarié, mais pour l’instant c’est un projet en stand by. «Pourquoi ne pas ouvrir cette réflexion à d’autres cuma voisines. Il faut faire un état des lieux du besoin, trouver du travail pour occuper le salarié suffisamment de temps.»
Dans l’immédiat, outre les investissements matériels et le projet de bâtiment, la cohésion du groupe est primordiale. «Nous organisons un repas pendant l’année. L’entente c’est important, mais c’est aussi compliqué parfois. Les échanges entre adhérents seront plus fluides lorsque nous aurons un bâtiment. Ce sera un lieu pour le matériel, bien entendu, mais aussi pour se rencontrer, pour discuter de tout et de rien, quand tout va bien ou quand ça va moins bien.»
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Provence-Alpes-Côte d’Azur – décembre 2019.