Agroalimentaire
D’après Euler-Hermès, ce secteur serait l’un des plus affectés par un Brexit, avec un recul potentiel des exportations de 0,39 milliard sur deux ans. Un chiffre important au vu des ventes agroalimentaires vers le Royaume-Uni, qui se sont élevées à 4,539 milliards d’euros en 2015, soit 14% des exportations agricoles françaises.
D’après l’Association nationale des industries alimentaires, le repli des exportations, lié à la baisse de la livre sterling, mais aussi au possible rétablissement de droits de douane, touchera principalement les secteurs du vin et des produits laitiers.
Tourisme
La dépréciation de la livre face à l’euro, si elle se confirme, entraînera une baisse du pouvoir d’achat des touristes anglais qui les contraindra à réduire leurs dépenses à l’étranger. Avec des conséquences directes pour la France, seconde destination des Britanniques derrière l’Espagne, avec 6 millions de visiteurs en 2014.
« Les touristes britanniques vont moins venir dans l’Hexagone qui deviendra une destination plus chère », concède à l’AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, qui rassemble les agences de voyage françaises. Le phénomène pourrait être aggravé par une hausse du prix des billets d’avion proposés par les compagnies low cost britanniques. Ces dernières, avec le Brexit, ne bénéficieraient plus des avantages liés au marché unique du transport aérien européen.
Croissance
La France, qui a enregistré un premier trimestre encourageant, avec une hausse d’activité de 0,6%, pourrait voir ce rythme s’éroder dans les prochains mois, même si l’ampleur du fléchissement est difficile à évaluer. Le Brexit « crée beaucoup d’incertitude, ce qui n’est bon ni pour l’Europe, ni pour la France », assure à l’AFP Mathieu Plane, chercheur à l’OFCE. « Pour la reprise, qui était déjà fragile, c’est forcément une mauvaise nouvelle », ajoute-t-il. Un avis partagé par Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis.
« Une récession en Grande-Bretagne paraît probable et on a du mal à imaginer que la France », où le gouvernement prévoit 1,5% de croissance en 2016, « ne soit pas affectée », confie-t-il. Quel sera cet effet ? D’après le FMI, le Brexit pourrait coûter 0,2% à 0,4% de croissance à l’économie française d’ici à 2019. Un scénario partagé par le cabinet Euler Hermes, qui estime que la France fera partie des six pays les plus touchés.
Le Royaume-Uni, en effet, est l’un des rares pays avec lequel la France a un excédent commercial. Or avec le Brexit, les entreprises françaises pourraient enregistrer jusqu’à 3,2 milliards d’euros de pertes additionnelles à l’export d’ici à 2019. « On n’avait pas besoin de ça », souffle à l’AFP Ludovic Subran, économiste chez Euler Hermès, qui refuse toutefois de noircir le tableau, la reprise n’étant selon lui « pas menacée » à court terme.
Banque et finance
C’est l’un des secteurs les plus exposés au Brexit, en raison du rôle joué par le Royaume-Uni dans la finance mondiale. Signe de cette fragilité : les valeurs bancaires étaient en chute libre vendredi à la bourse de Paris. Pour Frédéric Oudéa, président de la Fédération bancaire française, les banques françaises seront néanmoins « parmi les moins +impactées+ » par le Brexit, car « elles ont gardé deux pieds à la fois à Paris et à Londres ».
Le secteur financier français, selon plusieurs économistes, pourrait même tirer son épingle du jeu. Certains établissements, privés du passeport européen, qui leur permettaient d’accéder au marché continental, pourraient en effet quitter Londres pour s’implanter sur le continent. « L’impact pourrait être important en termes de déplacement d’activités », juge Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, promoteur de la place de Paris. Un avis partagé par Mathieu Plane, qui estime toutefois que « les capitaux pourraient se reporter sur l’Asie ou les États-Unis », les risques politiques dans l’UE étant « élevés ».
Industrie
Le secteur industriel, comme de nombreux secteurs, pourrait connaître une baisse d’activité, liée notamment à la baisse de la livre sterling, en chute vendredi de près de 10%, ce qui va pénaliser les exportations françaises. Selon Euler Hermes, en cas d’absence d’accord de libre-échange spécifique, les exportations dans le secteur de la chimie pourraient ainsi reculer de 0,52 milliard d’euros et celles des machines et équipements de 0,48 milliard d’euros d’ici à 2019.
Plusieurs poids lourds industriels, disposant de filiales Outre-Manche, pourraient également pâtir de la situation, à l’image d’EDF, qui prévoit de construire une nouvelle centrale nucléaire à Hinkley Point. « Ce vote n’a pas d’impact sur notre stratégie », a toutefois assuré le groupe vendredi.
Paris, 24 juin 2016 (AFP)
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