Le Giee du Loudunais est composé de 13 agriculteurs en cuma qui se rassemblent une fois par mois, accompagné par Pierre-Antoine Brunel, agronome spécialiste de l’agriculture de conservation des sols. Tous ne sont pas au même stade dans la transition vers l’ACS ou le semis direct. Certains sont encore un peu frileux à l’idée d’abandonner la charrue, tandis que d’autres l’ont vendue il y a bien des années. Le matériel utilisé en agriculture de conservation des sols n’est pas tout à fait le même qu’en agriculture conventionnelle. Semoir à disques, semoir à dents et fissurateur sont des exemples de matériels qui permettent aux agriculteurs en ACS d’utiliser le bon outil en fonction des cultures implantées, du type de sol cultivé, et de l’état structurel dans lequel se trouve ce sol. Face à une classe de deuxième année de BTS du lycée de Venours, les membres du Giee ont détaillé leur démarche.
Quelles ont été vos motivations pour faire évoluer vos pratiques et vous tourner vers l’agriculture de conservation ?
Eric : Je voyais que les rendements plafonnaient. Quand je labourais, je ne voyais plus les vers de terre qu’il y avait dans les terres de mon père. Quand il pleuvait, il y avait des lacs dans les champs. J’avais un copain d’école qui faisait du semis direct, je suis allé voir ce qu’il faisait et je lui ai dit ‘Demain, je te suis !’
Marc : J’ai 61 ans, c’est grâce à mon fils qui s’est installé que je viens aux réunions. C’est lui qui m’a poussé dans cette direction. Depuis que je fais partie du groupe, je remets en question tout ce que j’ai appris.
Sylvain : Au début, quand j’ai commencé à implanter des couverts, je n’avais pas tout le matériel qu’on a aujourd’hui en cuma. La transition vers l’agriculture de conservation des sols aurait sûrement été beaucoup plus rapide si j’avais eu tout ça dès le début. La cuma m’a permis d’aller plus vite grâce à la disponibilité en matériel.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Le groupe : Aujourd’hui, on est un petit groupe, on discute nos méthodes, on met en commun nos données économiques. Échanger c’est indispensable pour avancer et c’est moins agréable de travailler tout seul.
Pour faire un changement, il faut avoir envie ! Avec le semis direct, on est toujours en apprentissage, c’est technique, et le risque est plus important. En conventionnel, tu ne fais pas de grosses erreurs. Lorsque tu as un problème, il y a une solution mécanique. En agriculture de conservation des sols, tu n’as pas la solution de l’outil mécanique, alors il faut anticiper les problèmes.
Où en êtes-vous aujourd’hui sur le plan technique ?
Le groupe : On ne prétend pas que le semis direct est la réponse à tout. Parfois, une année, ça marche bien, et l’année suivante, c’est différent.
Eric : Moi, je ne ferai pas machine arrière. Travailler en semis direct, ça a donné du sens à mon travail. Pour nous, le sol n’est pas qu’un support. Il y a de la vie dans le sol. Le conventionnel, c’est coûteux aujourd’hui : le GNR, le matériel, le temps que tu passes dans le tracteur. En agriculture de conservation des sols, ce n’est pas la ferraille qui fait le travail, ce sont les vers de terre et les racines.
Et sur le plan économique ? Qu’en est-il de l’agriculture de conservation ?
Régis : En semis direct, tu as moins de charges de structure, entre autres parce que tu uses moins de matériel. Et bien que ce ne soit pas tout à fait les mêmes qu’en conventionnel, tu as autant de charges opérationnelles. Au même niveau de rendement, on a la même marge nette, donc on peut se permettre de récolter un peu moins étant donné qu’on a moins de charges de structure.
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