Les récoltes, catastrophiques tant en termes de qualité de quantité, ont porté « à 75% le nombre de producteurs de grains avec un revenu nul ou négatif, après prélèvement des cotisations sociales », indique l’AGPB (Association générale des producteurs de blé et autres céréales). « Depuis trois ans, le revenu de 40% des exploitations était dans le rouge », a rappelé Philippe Pinta, président de l’AGPB.
Après avoir rappelé le plan d’urgence Céréales mis en place par le gouvernement en octobre sur proposition notamment de l’AGPB, Philippe Pinta a tiré la sonnette d’alarme: selon lui, le cautionnement public des prêts bancaires aux agriculteurs « fonctionne très, très mal » et « très peu de dossiers sont remontés » à la banque publique Bpifrance. Il a réitéré sa demande au ministre de l’Agriculture d’obtenir de Bruxelles un soutien exceptionnel pour les céréaliers français. « Certains ne passeront le cap que si nous avons une aide de l’UE. Sans enveloppe de Bruxelles, la situation sera très difficile pour la prochaine moisson et au-delà », a-t-il appuyé.
Parallèlement, il a exprimé le souhait que soient mis en place, notamment dans la prochaine PAC en cours d’élaboration, des outils de gestion des risques « performants » pour « recréer de la visibilité pour les agriculteurs ». L’AGPB souhaite baser son projet de gestion des risques sur quatre outils: le maintien d’une aide directe simplifiée, une épargne de précaution contra-cyclique individuelle, une assurance climatique plus efficace et la possibilité de souscrire une assurance chiffre d’affaires, pour couvrir les risques liés aux aléas climatiques et à la volatilité des marchés.
Selon l’association, seulement 26% des surfaces de grandes cultures françaises sont assurées actuellement. Elle souhaiterait que ce nombre grimpe à 80%. L’AGPB tiendra son congrès les 8 et 9 février à Orléans, au cœur d’une des régions les plus affectées par les aléas climatiques en 2016. Pour les céréaliers, le seuil et les franchises des contrats d’assurance « sont beaucoup trop élevés ». Actuellement à 30%, l’AGPB souhaiterait qu’ils soient ramenés à 20% pour inciter plus de céréaliers à s’assurer.
« En 40 ans, je n’ai jamais déclenché (mon assurance), à part cette année », a déclaré Rémi Haquin, vice-président de l’AGPB et céréalier dans le sud de l’Oise, aux portes de l’Ile-de-France.
Paris, 2 fév 2017 (AFP).