[Gestion] Grandes cultures bio: quel potentiel économique?

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[Gestion] Grandes cultures bio: quel potentiel économique?

Abel Pithois, céréalier de l’Essonne (91), a repris l’exploitation familiale de 156 ha en 2012. En 2014, il convertissait la totalité de sa sole à la Bio. Son témoignage est à lire dans le mensuel d’Entraid de juin.

Le boom de la Bio a touché les grandes cultures, mais dans une moindre mesure que les autres filières. Les investissements liés au stockage à la ferme freinent le passage à l’acte tandis que du côté «conduite culturale», il faut gérer avec de nouveaux outils et une bonne observation. Toutefois, il apparaît dans plusieurs études que les charges s’amenuisent par rapport à des systèmes conventionnels.

L’augmentation en 2016 de 20% des surfaces bio de grandes cultures par rapport à 2015, qui fait suite à une croissance de 33% en 2015 par rapport à 2014, a permis d’atteindre une part de 3% de la SAU de grandes cultures en bio. « Ces surfaces arriveront au terme de leur conversion entre l’été 2017 et l’été 2019, ce qui permettra d’approvisionner progressivement les filières françaises de l’épicerie comme de la boulangerie mais aussi, de fournir l’aliment du bétail français nécessaire à l’élevage de volailles de chair et de poules pondeuses biologiques », précise l’Agence Bio.

Au moins 10 cultures dans la rotation

Une étude menée en Lorraine montre qu’en ce qui concerne l’assolement (hors prairies temporaires et maïs ensilage), on peut constater la diversité des cultures en système biologique: il faut additionner les 10 cultures les plus représentées pour atteindre les 85% de l’assolement alors qu’il en faut 4 seulement en conventionnel (les classiques: colza, blé, orges). Les systèmes biologiques ont généralement des rotations plus longues et diversifiées qu’en conventionnel. La principale culture rémunératrice reste le blé (26%), on constate ensuite, la forte présence de légumineuses seules ou en association (25%).

L’atout de cette diversité culturale est de pouvoir s’affranchir des contraintes climatiques liées à l’année: si l’année est défavorable à une culture, elle ne représentera qu’une faible part de l’assolement et beaucoup d’autres pourront compenser. « A l’image du risque climatique, le risque de fluctuation des cours des céréales (quoique peu présent en bio à l’heure actuelle) reste moins préjudiciable en bio qu’en conventionnel: si le cours d’une culture chute, la perte est proportionnelle à la part de la culture dans l’assolement. Plus les parts de culture sont importantes, plus le risque est grand », commentent les auteurs de l’étude.

Des rendements en baisse de 25 à 75%

En agriculture biologique, les rendements des céréales oscillent entre 20 et 30 quintaux à l’hectare en Lorraine alors qu’ils ont atteint parfois 45 quintaux en moyenne sur du blé tendre en Ile-de-France. Ils correspondent environ au tiers des rendements moyens en blés et orges d’hiver conventionnels, à la moitié en triticale, céréales de printemps et maïs et aux trois quarts en féverole et tournesol.

Des charges réduites

Pour ce qui est des charges opérationnelles, elles étaient de 120€/ha en moyenne de 2012 à 2014 en Lorraine contre 386€/ha en conventionnel, soit le tiers. Seuls les postes semences et amendements organiques y contribuent.

Des chiffres que l’on retrouve au travers de données fournies par la chambre d’agriculture d’Ile-de-France. Dans une étude technico-économique menée entre 2005 et 2011 sur des fermes de référence, les charges totales de fertilisation sont en moyenne d’environ 110€/ha/an sur 7 ans. Près de 75% de ces charges correspondent aux engrais organiques (en moyenne 82€/ha/an sur toutes les parcelles de blé biologique). En moyenne, sur l’ensemble des parcelles de blé bio, les apports de composts reviennent à 27€/ha/an.

Les charges d’engrais minéraux sont minimes (pour rappel seulement 2% des parcelles de blés sont concernées): 2€/ha/an en moyenne sur 7 ans. «Concernant les engrais organiques, jusqu’en 2008, les prix de ces produits se sont maintenus à des niveaux faibles: l’unité d’azote revenait environ à 1,20€, avec un prix au plus bas en 2008 (1,05€/unité). 2008 a d’ailleurs été l’année où les plus fortes doses ont été apportées et sur un grand nombre de parcelles, ce qui explique qu’au final, il s’agit de l’année où les charges de fertilisation totales ont été les plus importantes en moyenne sur l’ensemble des parcelles de blé. A partir de 2009, on a assisté à une flambée des prix de l’azote organique, avec une unité d’azote qui est passée alors à plus de 2€. Dans le même temps, les doses d’apports ont augmenté et les coûts des engrais organiques ont alors été très importants sur les parcelles fertilisées, à plus de 200€/ha. En 2011, l’effet de cette hausse des prix s’est fait ressentir sur les pratiques: les doses d’apports ont à nouveau diminué.»

Charges de mécanisation

charges grandes cultures bio arvalis 2009

Les charges de mécanisation varient d’une exploitation à l’autre, en fonction du matériel présent. Elles représentent en moyenne 45 à 50% des coûts de production à la tonne, les charges liées à la récolte étant plus particulièrement importantes (30% des charges de mécanisation en moyenne).

Une étude menée par Arvalis et l’Itab en 2009 montre des coûts de production plus élevés en bio surtout à cause des rendements plus faibles (charges à l’hectare équivalentes). Elle indique également une répartition des postes de charges différente puisque les charges de mécanisation représentent 1/3 des charges en bio, tandis que les charges d’intrants contribuent à ¼ des charges en conventionnel. Cette étude a aussi mis en exergue que les passages de désherbage mécanique en bio n’impliquent pas forcément une augmentation du temps de travail. Par ailleurs, les charges de mécanisation, hors fuel, sont relativement stables alors que les charges liées aux intrants en conventionnel sont en constante augmentation depuis 10 ans.

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