« La très grande majorité des exploitations en difficultés conjoncturelles », liées au climat et aux mauvaises récoltes par exemple, a pu trouver directement auprès des banques « des solutions de financement à court terme ou de restructuration de leurs prêts », informe le Premier ministre Bernard Cazeneuve dans une lettre à la présidente par intérim du syndicat FNSEA Christiane Lambert, dont l’AFP a obtenu copie. Restent les exploitations « en grande difficulté », « qui n’ont pas pu apporter à leurs banquiers les garanties de leur capacité à poursuivre leur activité », souligne-t-il.
Le gouvernement, qui reconnait avoir du mal à estimer l’ampleur exacte de la crise agricole, ne chiffre pas le nombre d’exploitations menacées de disparition par le surendettement. Mais il avait été estimé à 20 000 par l’ex-président de la FNSEA, Xavier Beulin, dans une interview peu avant sa mort le 19 février.
« Il me semble utile de proposer à ces exploitations la réalisation d’un diagnostic financier et économique permettant de garantir que les mesures qui seront mises à leur disposition répondent bien à la nature structurelle des difficultés auxquelles elles font face », dit le Premier ministre. Ces audits financés sur argent public devront être réalisés « auprès de leurs banques et de leurs fournisseurs », a précisé à l’AFP une source au ministère de l’Agriculture.
Les agriculteurs « ayant souscrit à la démarche de diagnostic » se verront ensuite proposer des « mesures de restructuration de leur dette », incluant des années « blanches », c’est-à-dire un report des annuités d’emprunt. L’Etat s’engage aussi à rendre éligibles aux restructurations les prêts dits « modulables », qui ne l’étaient pas jusqu’à présent, et à augmenter à 50% sa prise en charge des frais de restructuration de dette. Jusqu’à présent, l’Etat ne finançait qu’un tiers des frais de restructuration, la banque en prenait un tiers à sa charge et l’agriculteur concerné le dernier tiers.
Une fois connus les premiers résultats des audits, le gouvernement se dit prêt à lancer un nouveau dispositif de soutien à la trésorerie « s’il s’avère que la viabilité d’un nombre important d’exploitations est essentiellement menacée à très court terme par les échéances bancaires auxquelles elles doivent faire face ». En conséquence, le plan d’aide à l’agriculture lancé en octobre par Manuel Valls, est prolongé « jusqu’au 31 décembre 2017 ».
Ce plan, déjà prolongé une fois jusqu’en juin, prévoit des mesures de prise en charge de garantie des prêts et de cofinancement par l’Etat de report d’échéances bancaires. Jusqu’ici, il a rencontré peu de succès. Moins de 100 exploitations y ont eu recours, selon une source au cabinet du ministre de l’Agriculture. La FNSEA, premier syndicat agricole français, tient son 71e congrès mercredi à Brest. Il recevra jeudi plusieurs prétendants à l’Elysée pour parler des solutions de sortie de crise et d’évolution pour l’agriculture française.