Il n’y aura pas de PAC-exit », a clamé le ministre de l’Agriculture français Stéphane Le Foll, entouré de ses 19 collègues à l’issue d’une réunion informelle au Château de Chambord (Loir-et-Cher). « Nous sommes attachés à la PAC », née en 1962, « qui fait partie intégrante du projet européen. Nous souhaitons une PAC avec des moyens à la mesure des ambitions », a-t-il poursuivi, restituant l’avis des différents ministres européens dans la matinée. Selon le ministre allemand, Christian Schmidt, cette réunion a permis de démontrer à « ceux qui disent qu’après le Brexit nous allons voir mourir l’Union européenne, que ce n’est pas vrai ». Pour lui, « l’agriculture est au cœur de notre économie et nous savons que sans coopération cela ne marcherait pas ».
Mais, avec le départ annoncé des Britanniques, il va manquer 7 milliards d’euros net au budget de la PAC. « On n’a pas écrit ensemble aujourd’hui la manière de les trouver mais on est d’accord pour garder une politique européenne commune », donc un budget pour la PAC, a assuré M. Le Foll. Le débat vendredi était « un peu plus consensuel », que lorsque les Britanniques y participaient, a confié le ministre à la presse. Le ministre britannique n’avait pas été invité pour ce rassemblement, qui sert à préparer une réunion de l’Europe agricole les 11 et 12 septembre à Bratislava. « Nous avons eu une discussion très utile (…) les réunions sont tellement chargées à Bruxelles que nous n’avons jamais le temps d’avoir cette sorte d’échange », a déclaré à l’AFP, le très libéral ministre danois, Esben Lunde Larsen.
Parmi les points de consensus, la demande d’une simplification administrative pour l’accès aux aides a fait l’unanimité. Si les ministres veulent lui garder sa « cohérence », ils veulent plus de souplesse dans l’application de la PAC, a souligné M. Le Foll. Autre point d’accord, la mise au point d’outils de gestion des risques, qu’ils soient de marché, sanitaires ou climatiques, qui pourrait faire l’objet « d’un troisième pilier de la PAC », a-t-il déclaré.
Faire face aux chocs
« Les outils dont on dispose aujourd’hui ne sont pas suffisants pour que les agriculteurs fassent face aux chocs », auxquels ils sont exposés en ce moment, comme les inondations qui ont touché l’Allemagne et la France ces derniers mois. Le sujet d’un système d’assurance solidaire pris en charge par l’Europe sera au menu des discussions à Bratislava, comme celui du renforcement de la position des agriculteurs face aux distributeurs, a indiqué à l’AFP le ministre polonais Krzysztof Jurgiel. « Personnellement, moi je suis pour. Je pense que ça doit être réglé au niveau européen », a-t-il ajouté. Au nom des agriculteurs européens, le président du premier syndicat agricole français Xavier Beulin a lui aussi souligné cette « défaillance de la PAC »: « l’absence de tout système de gestion de crise » dans l’UE pour les agriculteurs. Il a aussi demandé « des engagements de simplification » des contraintes réglementaires, de plus en plus mal vécues par les agriculteurs.
Restent des sujets de discorde importants, comme la réduction volontaire des volumes pour éviter les surproductions responsables de la chute des prix qui mettent les agriculteurs en danger. Par exemple, face à la crise du lait, les Danois ont « accepté un paquet d’aides européen », car « il y a trop de lait sur le marché », mais le Danemark reste opposé à toute « aide publique » pour la future PAC, selon M. Larsen. Pour la Pologne en revanche, qui reçoit près de 30milliards d’euros de subventions par an, « l’abandon des quotas était une grande erreur » et a conduit à la chute des cours actuelle, selon M. Jurgiel.
Vendredi, plusieurs petits syndicats agricoles ont manifesté contre les ministres qui « mènent la vie de château quand les agriculteurs sont en train de crever ». « Il faut remettre de la régulation sur les produits agricoles (…). La mise en place d’assurance contre les aléas économiques n’a pas de sens, c’est aux Etats d’organiser le marché », a déclaré à l’AFP, le trésorier de la Confédération paysanne, Josian Palach.