Le Professeur Laurent Grélot, Professeur de Physiologie du travail et de l’exercice au Commissariat des Armées (Aix-Marseille Université) a publié sur le site The Conversation un long article soulignant le manque de consignes adaptées aux personnes qui doivent continuer à exercer un métier physique lors des épisodes de canicule. Il a été étudié et caractérisé notamment chez les jeunes athlètes et les militaires. Agriculteurs et salariés agricoles font aussi partie des populations susceptibles de développer ce coup de chaleur.
Qu’est-ce que le coup de chaleur d’exercice?
“Brutal, de pronostic très sombre en cas de retard de diagnostic, le coup de chaleur d’exercice peut emporter subitement des jeunes gens en apparente bonne santé”, explique le Professeur Grélot.
“Quand on considère les prévisions d’évolution du climat de la France métropolitaine pour les trois prochaines décennies, on comprend qu’il est impératif de diffuser à toute la population un message de prévention couvrant correctement le coup de chaleur d’exercice (en plus du coup de chaleur classique). Faute de quoi le nombre de victimes risque fort d’être démultiplié dans les années à venir…”, avertit-il.
Une urgence vitale absolue
Premier point: “le coup de chaleur d’exercice constitue une urgence vitale absolue”, car il conduit dans environ 20% des cas à une mort rapide.
Il se manifeste très subitement, par une température centrale de l’organisme supérieure à 40°C, et par de la fatigue, des maux de tête, des vertiges ou un coma, des troubles du rythme cardiaque.
Souvent, la peau est chaude et la personne perd connaissance. Dans 20 à 25% des cas, elle ne peut plus suer pour réguler sa température.
Une défaillance de plusieurs organes vitaux
En général, le processus débute par un effort intense et prolongé en ambiance chaude. La température interne du corps augmente et affecte le système intestinal qui s’imperméabiliserait.
Parmi les bactéries de notre système digestif, une catégorie (celles à Gram négatif) se multiplient et sécrètent des toxines. Le début d’un cercle vicieux associant élévation de la température interne et imperméabilisation croissante des la paroi intestinale.
Si son mécanisme n’est pas encore totalement éclairci, ce type de coup de chaleur d’activité déclenche notamment une réponse inflammatoire généralisée (SRIS) et aboutit à une défaillance de plusieurs organes vitaux.
Facteurs de risque liés au coup de chaleur d’exercice
Le coup de chaleur survient par contre plus souvent à la faveur d’une combinaison de température élevée (35 ou 36°C) , d’une forte humidité, du manque de vent et d’une exposition directe au soleil, associés à un effort intense et prolongé.
Y sont aussi aussi associés:
- une mauvaise hygiène de vie: mauvaise hydratation, manque de sommeil…
- une mauvaise condition physique au regard de l’effort demandé
- une surhydratation
- la consommation de substances toxiques (dont l’alcool)
- l’excès de poids
- une infection récente (surtout gastro-intestinale)
- le fait d’être une femme,
- le fait d’être de type caucasien,
- et la prise d’Ibuprofène semble elle aussi constituer un facteur de risque supplémentaire.
Comment agir face à ce coup de chaleur?
Très vite: le fait d’intervenir peut faire la différence entre la vie et la mort.
La règle: un refroidissement rapide et agressif pour abaisser la température du corps de la personne.
“Immergez-la dans ce que vous trouvez pour la rafraîchir (baignoire, piscine, mer ou rivière, baril, bâche, housse mortuaire…) et ensuite appelez les secours”, recommande le Pr Laurent Grêlot.
“En appliquant cette règle depuis des années, la mortalité par coup de chaleur d’exercice au sein des armées françaises est devenue exceptionnelle,” conclut-il.
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