La filière de recyclage des plastiques est aujourd’hui très encombrée. La Chine a récemment cessé d’importer des plastiques usagés. L’Europe manque pour sa part de capacités de retraitement, et on ne construit pas ce genre d’usine du jour au lendemain. Les recycleurs européens préfèrent les matières relativement propres des poubelles jaunes aux films agricoles chargés en terre et autres substances indésirables. Du coup, les stocks s’amoncellent, avec un coût de gestion notable (matières inflammables). La filière s’attend à devoir enfouir 3000 à 5000 t de films agricoles, qui trouvaient jusque-là un débouché en Europe. La question est particulièrement sensible pour les films de maraîchage, alors que ceux de la filière élevage, plus propres, trouveront une voie de sortie.
Difficile de faire propre
Par définition, les films agricoles usagés ont tendance à être chargés, trop même dans le cas de ceux utilisés en paillage. Adivalor, l’organisme qui les collecte, fait une récolte annuelle de plus de 53 000 t (forçage, paillage, ensilage, enrubannage, etc). Les films de paillage sont particulièrement sales : 15 000 t collectées pour 5000 t vendues, soit 10 000 t d’eau, de terre et de débris à stocker et transporter inutilement. Sans compter que pour les plus sales, les recycleurs n’ont pas la capacité de nettoyage. Le plastique part alors en décharge, aux frais du producteur. Les agriculteurs paient aujourd’hui une éco-contribution de 130 €/t pour financer le travail de collecte d’Adivalor. Ce montant calculé pour un « taux de souillure » de 50% s’avère insuffisant. Il va passer à 160 €/h en mai 2018, puis à 180 €/t en janvier 2019.
Des solutions en vue
La filière plastique travaille également à réduire le taux de souillure des films de maraîchage. Elle a plusieurs pistes : diffuser des matériels d’enlèvement capable de retirer un maximum de terre au champ (projet RAFU), augmenter le grammage des films pour diluer les déchets. Autres solutions : développer et facturer le lavage des films usagés, ou orienter vers des films biodégradables (qui, malheureusement, se dégradent parfois trop tôt…).Les Fonds Opérationnels de l’OCM fruits et légumes pourraient être mis à contribution pour aider les producteurs à assumer les coûts supplémentaires.