Faire faire la distribution des aliments leur coûte «25€/j hors taxe». Arnaud et Aurélie Jeanne ont fait les calculs pour leur élevage (70 laitières, la suite, pour 565.000l) : le travail est de qualité, ce choix leur dégage un temps d’astreinte quotidienne que l’éleveur estime à une heure et «ça coûte moins cher que d’avoir une mélangeuse et deux tracteurs qui tournent tous les jours.»
Et si tout méritait d’être étudié?
Auparavant, il travaillait avec sa désileuse-pailleuse. Grâce au groupe, son cheptel accède à une ration mélangée. Arnaud Jeanne glisse notamment que cela a un effet bénéfique sur les coûts vétérinaires. «Nous n’aurions jamais pu le faire individuellement», reconnaît-il. Ses collègues du groupe n’étaient pas tous dans la même situation. Début des années 2010, dans la campagne au sud de la Ferté-Macé (61), un éleveur avait lancé l’idée de se rassembler pour investir. «Nous étions une quinzaine à nous être intéressés», se souvient Arnaud Jeanne, à l’époque tout juste installé.
En définitive, seules six entreprises étaient réellement partantes. «Nous nous sommes dit que nous étions trop peu nombreux et que cela nous couterait trop cher.» Il était question de charges supérieures à 20€/1.000l… Fin de la réflexion, chacun est retourné à sa solution individuelle. Voire à son investissement. Ce fut le cas de Jean-Marc Champain qui a alors acheté un bol mélangeur.
Service initié en prestation à 21€/1.000l
La machine, les deux tracteurs qui tournent… «Un jour, Jean-Marc m’a dit qu’il se préparait à acheter une automotrice», relate Arnaud Jeanne avant de poursuivre: «Je lui ai dit que dans ce cas, j’étais intéressé pour qu’il vienne faire de la prestation chez moi.» Et comme trois autres élevages ont formulé cette même réponse, Jean-Marc Champain a finalement acheté une machine neuve et embauché un chauffeur pour assurer l’alimentation de son cheptel et de celui de ses voisins, moyennant 21€/1.000l.
50% volume de production, 50% temps
Un an et demi plus tard, un 6e élevage a souhaité intégrer la tournée. «Ce n’était plus possible pour la compta de Jean-Marc», donc le groupe a opté pour la solution cuma, en s’appuyant sur une de leurs cuma existantes, la cuma de la Motte. En avril 2015, la machine a changé de propriétaire; son chauffeur, d’employeur et pour les éleveurs, le coût s’est réduit: «On est autour de 16,50€/1.000l», en intégrant une marge de sécurité. La facturation tient compte du volume de production annuelle et du temps passé, à parts égales.
4.500heures, 3 ans de service. La question du renouvellement de la machine se pose. Débouchera-t-elle sur un investissement? «Ce sera une décision du groupe» qui, pour le moment, n’a pas statué. Néanmoins, quelques chiffres lui sont déjà accessibles. Arnaud Jeanne analyse: «Nous avons déjà fait quelques frais» pour changer des pièces importantes. Il ne reste d’ailleurs plus que la fraise à changer, compter tout de même 5.000€ de pièces. «Vu le parc des machines d’occasion», pas sûr que les sommes déjà engagées pour remplacer les deux convoyeurs puissent être valorisées à la revente de l’automotrice.
Mais le vrai chiffre qui invite à la réflexion est inscrit sur un devis: «Pour la même machine, neuve, on nous propose une soulte de 120.000€ et en récupérant le logiciel de pesée, les aimants rotatifs en sortie… sur la machine actuelle.» Arnaud Jeanne calcule que le montant d’emprunt à rembourser gonflerait de 600€/mois.
Le responsable de l’activité désilage à la cuma souligne que le chauffeur ménage la monture. «Notre machine est nickel», de quoi envisager prolonger la carrière de l’automotrice. Dans le secteur, une autre unité du même modèle avait fonctionné 7.700h. On comprend qu’une hypothèse probable est qu’avec une dentition toute neuve, la Storti Dobermann de 2013 ronge les silos du groupe encore quelques heures. Son sort devrait être scellé en novembre.