Historiquement présents dans les cuma, le semoir monograine illustre bien la logique collective. Un outil saisonnier où le partage peut se faire facilement. Cependant, l’achat d’un semoir monograine est aujourd’hui conditionné par les évolutions d’assolement, de réglementation et les apports technologiques.
En effet, l’offre est aujourd’hui beaucoup plus large, avec de nombreuses options. Ce qui fait bouger les lignes en matière de seuil de rentabilité du semoir monograine.
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Achat d’un semoir monograine type maïs
La culture du maïs reste la base d’un achat de semoir monograine. Soit en secteur élevage, soit en secteur de grandes cultures pour la valorisation en grains. En outre, on recense aujourd’hui 226 semoirs monograines dans les cuma en suivi comptable sur le Grand Est.
Dans le détail, 73% de ces outils sont des 6rangs. Cette catégorie reste le cœur des ventes et on observe une disparition des achats récents en 4rangs. A l’inverse, il faut noter l’apparition de modèles 8rangs, qui représentent aujourd’hui 10% des outils en parc.
Côté chiffres, les tendances récentes montrent un élargissement de l’éventail lié aux choix d’options. Les adaptions sont de plusieurs ordres:
- Différentes cultures: réglages d’écartement facilité, disques spécifiques, options d’enterrage.
- Contexte: travail sur non labour, système de repliage.
- Technologique: détecteur de pertes, distribution électrique, modulation.
- Conduite de la culture: microgranulateurs, fertiliseurs.
20000 à 40000€ pour un 6 rangs
Ainsi, un modèle 6rangs récent peut s’acheter de 20000 à près de 40000€ selon ces choix. Les valeurs moyennes récentes sont de 28500€. Dans les cuma, les adhérents s’accordent sur des tarifs d’utilisation qui ne doivent pas dépasser 25€/ha. Un chiffre pour rester compétitifs face à des entreprises capables de gérer des surfaces importantes avec des modèles larges à des tarifs de prestation complètes de l’ordre de 40 à 50€/ha.
Par ailleurs, une marque domine le marché du semoir monograine en cuma, et depuis longtemps. En effet, le parc de semoirs maïs est aujourd’hui à 60% du Monosem ! Et il est important de noter que l’âge moyen est de plus de 8ans, preuve de la durabilité d’un semoir. Au global, 29% des outils ont plus de 10ans et 27% moins de 3ans.
La seconde marque présente dans nos cuma est Kuhn avec 20% du parc. Cependant, cette proportion est plutôt en recul, puisque seulement 17% des machines ont moins de 3ans.
Peu de semoirs rapides
En revanche, la présence de semoirs monograines rapides reste anecdotique avec quelques exemplaires de Väderstad Tempo et de Horsch Maestro. Une valeur d’achat plus élevée de 20% à options équivalentes, la nécessité de trouver un engagement stable et des surfaces importantes avec une organisation efficace, sont probablement les raisons de ce développement timide dans nos régions.
A lire : [Avis Tempo Väderstad] Moins d’une semaine pour semer 400ha !
A contrario, les modèles 8rangs portés commencent à trouver leur public. D’une part, ils peuvent s’amortir sur des durées longues de 12ans et plus. Et d’autre part, ils permettent une efficacité de chantier recherchée. Avec une valeur moyenne de 46000€, ce sont 200 à 220ha qu’il faut réunir pour rester dans les moyennes tarifaires.
Enfin, l’addition de la fertilisation localisée à l’avant du tracteur, de la distribution électrique et de la compatibilité Isobus peuvent emmener à des valeurs d’achat de plus de 70000€. Mais cela induit des tracteurs dédiés et une organisation de main d’œuvre en conséquence, pour réaliser les 400 à 500ha annuels nécessaires.
Achat d’un semoir monograine type betterave
Les cultures industrielles comme la betterave sont des éléments importants de l’agriculture régionale du Grand Est. Dans cette filière, les évolutions du marché à la baisse changent la donne sur les stratégies des groupes. Et cela se ressent aussi dans les achats de semoirs.
Historiquement, on observait dans les régions productrices de betteraves, une utilisation des semoirs monograines pour les implantations de culture de colza. Cela permettait de pouvoir biner cette culture et d’optimiser les semoirs monograines sur une deuxième culture.
Pour cette catégorie de semoir, 85% sont des semoirs de 12 rangs. La majorité de ces outils sont utilisés pour la culture de la betterave et de colza, avec une utilisation annuelle d’environ 250ha. Le parc est composé à 60% de Monosem et à 17% de Kuhn. La répartition semble se maintenir d’année en année.
La valeur d’achat des semoirs monograines a augmenté d’année en année pour arriver aujourd’hui à 44800€ pour un modèle 12rangs. Une tendance d’achat se dessine. L’incertitude liée au contexte betteravier et l’augmentation du prix de ces appareils ont eu tendance à ralentir les renouvellements. L’âge moyen du parc est de 7ans. En outre, 33% des outils ont plus de 10ans et 28% des outils ont moins de 3ans.
Ralentissement des renouvellements
Ainsi les tendances d’achat récentes sont difficiles à identifier. Cependant, on remarque que les choix d’options se raisonnent en fonction de deux principaux critères : le type de sol (terre blanche ou terre colorée) et le type de culture (risques liés aux ravageurs, exigence de structure à l’implantation).
Aussi, on remarque que l’évolution des pratiques vers la réduction des produits phytosanitaires influence les choix d’investissement concernant ces machines. En effet, les cultures moins exigeantes en intrants, le tournesol par exemple, sont amenées à se développer dans les zones périphériques des territoires producteurs de betteraves et le développement du binage amène certains groupes à équiper leur semoir de pulvérisation localisée sur le rang.
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