Abriter un système plus autonome grâce au séchoir

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Abriter un système plus autonome grâce au séchoir

Parmi les associés de la SAS Métha-Ferchaud, certains sont éleveurs laitiers. Pour les 300 vaches des deux troupeaux concernés, le séchoir, c’est l’espoir de manger de plus en plus de fourrages secs et de moins en moins de tourteau de soja.

Avec ce nouvel outil entre les mains, les éleveurs de ruminants du groupe disposent d’une sécurité grâce à laquelle ils font évoluer leur système fourrager vers plus de production protéique et moins de stockage fermenté. Au fil de leurs essais, ils développent un schéma pour le valoriser au mieux.

Ce matin, les vaches viennent d’avoir leur ration. Du maïs, un peu de soja… et de la luzerne pour environ 2 kgMS pour la journée. Mélangé au reste, on retrouve ce foin vert avec des feuilles, «on a aussi des fibres, c’est idéal», constate Stéphane Choquet en manipulant une poignée prise dans l’auge. L’éleveur n’est pas encore très habitué à servir du foin de luzerne à son troupeau: «tout cela est un peu nouveau pour nous. Avant, nous étions sur une base ensilage, maïs et herbe, avec de la paille broyée», et du concentré acheté. Depuis cette année, ils ont donc introduit plus de fourrage sec dans l’auge et plus de légumineuses dans leur assolement. «Cet été, nous implanterons six nouveaux hectares de trèfle violet en plus de la dizaine de luzerne que nous avons déjà.» Ce n’est donc pas fini.

16 ha de légumineuses

Avec un troupeau de 150 laitières, difficile d’imaginer pour autant en arriver à 100% d’autonomie alimentaire. Stéphane Choquet et Frédéric Brizard affichent simplement une volonté de réduire leur dépendance à la graine importée et à son cours mondial. Et si la concrétisation de cette ambition a pris un coup d’accélérateur, c’est grâce au séchoir qu’ils ont monté dans leur cadre de la construction de leur unité de méthanisation. «C’est plus facile maintenant», car les contraintes liées à la météo sont un peu allégées. Même pour la moisson, par exemple. «Cette semaine, l’orge est à maturité. On va moissonner», et si l’analyse indique que le grain qui sert à l’alimentation du troupeau est trop humide pour être stocké, «nous le passerons un peu au séchoir.»

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Les récoltes de légumineuses ne sont pas les seules à bénéficier des avantages de disposer d’un séchoir. Ce foin de RGH en première coupe satisfait Stéphane Choquet. Encore l’an dernier, il aurait été passé en enrubannage.

La météo rendue moins contraignante

Avant la préparation mélangée, les vaches avaient eu ce matin-là une distribution de foin de ray-grass hybride, de première coupe, lui-aussi passé par la case séchage. «Avant, nous en aurions fait de l’enrubannage», rappelle Stéphane Choquet qui attend aussi de cette évolution vers moins d’aliments fermentés un effet positif sur la santé des animaux, «même si nous n’avions pas de problèmes particuliers avant.»

Projets motivants

Elle n’est pas la seule à y passer, donc, mais grâce au séchoir, la luzerne de la ferme est bichonnée et tout le monde s’y met. L’idée des éleveurs est d’en optimiser la qualité. «Le travail au champ reste essentiel pour réussir le foin.» La fauche se fait le matin, avec la rosée, comme le fanage. «Il faut du bon matériel aussi. Avec la cuma, nous avons cette chance d’en avoir», estime l’éleveur. Et pourtant, toutes les faucheuses du parc sont obligatoirement conditionneuses. L’idéal aurait été d’acquérir une faucheuse simple ou avec un dispositif à rouleaux escamotables. La solution cette année a été trouvée autrement. «Le responsable de la cuma a été force de proposition. Il s’est renseigné sur les matériels, les réglages… et en enlevant des doigts et en tournant au ralenti, ça a fonctionné.»

Au séchoir pour moins de brassage

Un fanage, un andainage, un ramassage. La légumineuse ne reste pas plus au champ. Que la pluie arrive ou pas, «on finit avec le séchoir», dans le but de manipuler le moins possible le fragile fourrage.

Quand ils ont construit leur cellule, les associés de la SAS imaginaient ventiler de l’herbe conditionnée. Après une première tournée assez délicate, «nous avons essayé sur la luzerne en vrac.» Un test qui s’est avéré plutôt convaincant: «on n’a pas de pressage à faire au champ. En deux voyages d’autochargeuse, le séchoir est plein. En une journée, c’était sec.» Cela n’empêche pas que «la récolte doit être homogène», mais la logistique a été simplifiée et ne nécessite que deux opérateurs, pour mener l’autochargeuse et remplir la cellule au télescopique.

le séchoir de la SAS Métha-Ferchaud

Les fondateurs de la SAS voulaient que le séchoir qu’ils ont adossé au cogénérateur soit polyvalent. Un atout déjà valorisé : alors qu’ils imaginaient plutôt travailler des fourrages conditionnés, ils devraient finalement y rentrer plus souvent du vrac.

Le transport, un des points négatifs de ce fonctionnement, reste à améliorer, surtout si le séchoir ouvre ses portes par la suite à d’autres élevages peut-être plus éloignés. «Nous pourrions imaginer un système assez simple en faisant venir une presse de la cuma» pour sécher en vrac et organiser un retour vers la ferme en balles après un conditionnement en sortie de séchoir.

Chez eux, Frédéric et Stéphane vont en tout cas équiper le bâtiment de stockage qu’ils construisent d’une cellule pour du foin en vrac, ce qu’ils n’avaient pas forcément imaginé faire au départ. Une preuve qu’ils restent ouverts à faire évoluer leur système et leurs objectifs: «les choses se font quand elles doivent se faire», au gré des essais qu’ils osent.

cette année, la luzerne a été stockée en silo

En attendant de reconstruire un bâtiment de stockage, Frédéric Brizard et Stéphane Choquet ont stocké leur foin de luzerne en silo. Cette solution transitoire leur a laissé le temps de constater que travailler du vrac avait des avantages: ils équiperont leur construction d’un espace adapté.

Sécurisation, satisfaction: oui… Economies? pas sûr!

Pour fonctionner, la turbine consomme de l’électricité. La chaleur vient du moteur de cogénération. Pour le moment, ils n’ont pas déterminé la valeur de cette chaleur. «Nous nous sommes donnés une année de test où le séchage de foin nous est réservé en tant qu’associé de la SAS et il ne nous est pas facturé.» En plus d’améliorer les pratiques et les équipements, puisqu’un variateur permet désormais de tempérer la puissance de la turbine lorsque la masse propose moins de résistance au flux, «nous enregistrons les temps de travail, les consommations…» A partir de ces références, ils pourront établir leur tarification.

A l’échelle de l’exploitation, la première analyse économique du changement de système est loin d’être disponible. Stéphane Choquet n’attend pas de miracle. Face à un soja compétitif, produire ses propres protéines: «ce n’est pas ça qui va réduire notre coût de production.» Avec les légumineuses, «nous nous compliquons la vie, nous améliorons nos pratiques… Il faudra bien qu’en tant qu’éleveur, nous soyons rémunérés pour cela», exprime-t-il pour sa part, en espérant que ce projet technique ouvrira d’autres portes que la seule satisfaction personnelle.

 

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