De la famille de l’artichaut, le cardon présente la particularité de devoir passer un certain temps à l’abri de la lumière pour le blanchiment de ses côtes, permettant ainsi de faire disparaitre son amertume. Pour cela, les différentes parties de la plante sont rassemblées et attachées avec une ficelle. Ensuite, on installe sur la plante une gaine plastique opaque durant au moins 3 semaines.
Mécaniser le liage
C’est dans les années 80 que François Héritier, producteur et transformateur, conçoit et construit la première machine à attacher les cardons. Même s’il y a eu beaucoup de tâtonnements pour les réglages, le matériel a fonctionné durant plusieurs années. Puis le temps de la retraite « active » est venue pour François Héritier, et la machine a été vendue en Suisse, où elle tourne encore aujourd’hui. L’exploitation et la culture des cardons a été reprise par son fils Denis. Avec d’autres producteurs ils ont chargé un constructeur de la région lyonnaise, Innova, de leur construire une machine performante pour continuer à mécaniser l’opération de liage. « La mise au point et la construction d’une telle machine était impossible à financer individuellement. Avec 18 autres producteurs, nous avons donc créé une cuma en 2004, avec cette seule activité.
Une machine unique
Montée sur des chenilles de mini-pelle, motorisée par trois petits cylindres et disposant de deux centrales hydrauliques, la machine dispose à l’avant de deux demi-becs de cueilleurs à maïs. Au centre se trouve des chaines chargées de relever les feuilles. Ensuite, trois lieurs de presse John Deere sont installés horizontalement pour attacher la plante sur toute la hauteur. La machine attache ainsi 55 000 pieds durant la saison avec un tarif de 0,12 € par pied.
« Depuis sa construction, cette machine est revenue à plus de 80 000 €. Si nous n’avions pas fait une cuma pour partager les investissements et bien caler l’utilisation, cette machine n’existerait pas et chez nous, la culture du cardon aurait été sérieusement compromise. » Pourtant les adhérents de la cuma ont toujours un projet en tête : trouver un moyen de mécaniser la mise en place des gaine plastique sur les plantes. Avis à un constructeur audacieux.