Dans une économie de marché, le prix d’un produit peut-il être «juste» et rétribuer son producteur à hauteur des efforts déployés ? Pas forcément. Les niveaux de prix sont d’abord la résultante de l’habituel rapport entre offre et demande, dans une logique de confrontation des acteurs économiques. La volonté d’être payé à hauteur du travail effectué, comme dans la doctrine chrétienne, n’est pas toujours satisfaite dans une économie ouverte. Sauf à imposer des dispositifs de régulation ou à menacer l’industriel concerné et les pouvoirs publics d’une énième jacquerie.
Quelle rémunération de la main d’oeuvre ?
De ce point de vue, la manifestation menée début juin contre Sodiaal à Guingamp a fait bouger la laiterie. Mais selon la Coordination Rurale, on est encore loin du compte. Le syndicat s’appuie sur les calculs de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) qui estime «que le coût de production comptable moyen de lait de vache dans les exploitations spécialisées en 2016, est de 364 € pour 1000 litres avant rémunération des éleveurs ». D’où la revendication de la Coordination Rurale de demander 450 €, niveau de prix jugé nécessaire pour rémunérer les éleveurs laitiers à hauteur de 1,5 SMIC. Plus tempérée, la FNSEA, selon la dépêche de l’AFP publiée sur note site, appuie sa demande en mettant en avant «le coût de production d’équilibre moyen des exploitations, qui se situe autour de 340 € pour 1000 litres. Et jusqu’ici, les prix payés ne le couvrent pas, avec un différentiel de 20 € en 2015, 50 € en 2016 et 25 € en 2017 au regard des perspectives annoncées » affirme le syndicat.