Remplir une remorque d’ensilage se fait à deux, celui qui mène l’ensileuse et celui qui est sur la remorque. Quand on introduit un automatisme dans le chantier, il faut que les deux s’y retrouvent. C’est le cas général dans les quatre cuma utilisatrices interrogées : « Il suffit que la remorque se place bien à côté, la flèche au niveau du bec, explique Romain Génissel (cuma du Jajolet, Orne, New-Holland FR600), et le remplissage se fait tout seul. Je reste concentré sur le bec de l’ensileuse, et le collègue sur sa trajectoire. » Cette question de l’entente entre les deux partenaires est importante : les chauffeurs remplissent d’abord leur remorque par l’arrière pour y voir clair, mais parfois par l’avant quand ils veulent donner de l’adhérence au tracteur, et il est nécessaire que l’automatisme le permette. A la cuma la Printanière (Morbihan), l’automatisme de goulotte était présent sur l’ensileuse acquise d’occasion, mais il n’est pas utilisé : « Les utilisateurs aiment bien remplir la remorque à leur convenance », explique un chauffeur.
Finir en manuel
Si l’automatisme assure l’essentiel du travail, il ne sait pas remplir à ras bord sans en mettre à côté. Les utilisateurs interrogés préfèrent passer en manuel pour le dernier mètre cube : « On peut régler le pourcentage de remplissage voulu, raconte Benoît Gélin (cuma de Montaudin, Mayenne, Claas 950), mais j’ai peur qu’en demandant 100%, il en aille à côté. » D’autres anticipent : « Si je vois qu’il reste un trou, indique Anthony Retailleau (cuma la Reinette Les Ormeaux, Vendée, Claas 940), j’envoie la goulotte dessus sans toucher à la casquette, ainsi l’automatisme ne se désactive pas et finit ensuite le travail. » La forme de la remorque, très longue, très haute ou avec un côté plus haut que l’autre, apporte aussi quelques limites.
Côté fiabilité, Louis Léger (cuma du Jajolet, Orne, New Holland FR600) s’inquiète des nombreux mouvements de la goulotte et de l’usure qui pourrait en découler. Anthony Retailleau confirme que sur quatre campagnes, il a déjà cassé quelques dents du mécanisme de pivotement.
Caméra et analyse d'images
L’Auto Fill de Claas et l’IntelliFill de New-Holland emploient une caméra couplée à un logiciel d’analyse d’image en 3D. Le premier travaille en lumière visible et est assisté de phares pour la nuit. Le second utilise l’infrarouge. De jour comme de nuit, ils « voient » les contours de la remorque et son niveau de remplissage, et pilotent en conséquence l’orientation avant-arrière de la goulotte ainsi que la casquette. Cet automatisme ne fonctionne pas au détourage. Krone a développé un système différent, par laser, le LaserLoad. Il fonctionne également vers l’arrière. |
Points forts | Points faibles |
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• soulagement pour les chauffeurs de l’ensileuse comme ceux des remorques, qui peuvent se concentrer sur les autres tâches • travail de nuit plus facile | • changement d’habitude pour les chauffeurs des remorques • paramétrages à effectuer au préalable • inactif durant les quelques minutes de la journée où le soleil arrive pile sur le capteur, soit en direct soit en se reflétant sur une rehausse en aluminium |