L’approvisionnement régulier en porcelets est la clé de voûte des ateliers d’engraissement de porcs charcutiers. C’est la raison d’être de la Scea Porc Net qui associe quatre exploitations, (trois en Deux-Sèvres et une Indre-et-Loire), dans une maternité collective de 480 truies. Les éleveurs concernés sont tous adhérents de la Cooperl, une grosse coopérative porcine de l’Ouest où ils se sont rencontrés.
En dehors des naisseurs-engraisseurs, les éleveurs porcins dépendent du marché des porcelets, caractérisé par des variations de cours. La maîtrise de l’activité naissage permet donc aux associés d’assurer des livraisons d’animaux à des tarifs stables, provenant d’un seul élevage. Ce qui réduit les aléas sanitaires. Comparativement à l’engraissement, l’activité maternité est plus exigeante en temps de travail, en technicité et en interventions quotidiennes. Ce qui peut justifier la création d’unités collectives avec embauche de salariés spécialisés.
Déléguer le suivi quotidien
Ici, la Scea salarie 1,70 UMO. Les associés n’interviennent pas dans le travail quotidien.
Ils assurent seulement la gestion technico-économique à intervalles réguliers et ils se réunissent tous ensemble une fois par trimestre pour faire un point complet. La maternité mise en service en 2013 a été créée à partir d’une unité déjà existante mais qui n’était plus aux normes. « Toutes les 5 semaines (conduite en 4 bandes), 1100 porcelets sont livrés. La prolificité atteint 25 porcelets par truie par an. L’investissement total s’est élevé à 750 000 € » détaille Jean-François Rimbeau, un des associés de la Scea.
Savoir expliquer
Avant cette réalisation, ce même groupe, élargi auparavant à sept exploitations, avait envisagé ailleurs dans le département la création ex-nihilo d’une maternité plus grande. Mais les oppositions virulentes du voisinage qui se sont exprimées lors de l’enquête d’utilité publique, ont conduit les éleveurs à abandonner leur projet initial « Les gens ont souvent des clichés dans la tête, ils imaginent par exemple que suite aux images télé où l’on voit une buse cracher soudainement du lisier dans un champ, que ce lisier allait désormais couler à flots près de chez eux ! Il nous faut apprendre à mieux communiquer, expliquer que cette matière fertilisante va remplacer les engrais chimiques et qu’il n’y pas de difficultés à établir un plan d’épandage dans les régions intermédiaires comme les Deux-Sèvres, dire qu’on élève des porcs plutôt qu’on en produit de manière à éviter la perception ‘industrielle’ de l’élevage car les chiffres peuvent faire peur et être mal compris par les habitants du monde rural qui sont de moins en moins issus du milieu agricole. »