Le drone c’est sympa, mais qu’en fait-on ? Là est la question importante. C’est surtout celle que Jean-Marie Séronie se pose. Celle qu’il invite à se poser lorsqu’il parle des outils numériques utilisés en agriculture, comme aux salariés du réseau fédératif des cuma de l’Ouest, en séminaire fin septembre. Pour l’auteur du livre, « Vers un big bang agricole ? – Révolution numérique agricole », quand bien même l’adage « quand c’est gratuit, le produit c’est toi » est une réalité, il n’y a pas de quoi avoir peur des nouveaux outils. Être pleinement conscient de ce fait et garder en tête que «la donnée n’a de valeur que par le travail qu’on en fait», semble suffisant. Les emblématiques Facebook et Twitter restent avant tout pour les utilisateurs un endroit «où les gens et leurs idées se mettent en relation.»
La possibilité d’une opportunité
Ces outils communautaires, qui vont même jusqu’à la mise en relation d’utilisateurs de matériels agricoles, donnent «l’usage plus que la propriété». Même si en cela, «on est proche de la logique cuma», Jean-Marie Séronie relève une des antinomies entre l’univers numérique et le monde agricole sensible sur la question patrimoniale. Ici pointe l’idée que la révolution numérique est à la fois menace ou opportunité pour le monde agricole, «rétif au changement» par nature, mais qui a pour lui «une culture de la technologie et l’habitude de la vie communautaire.»
L’agriculteur change de dimension
Avec le numérique, le métier change. Son environnement aussi. Par exemple, «les firmes d’agro-équipements stockent les données. Elles seront donc capables de vendre du conseil ou un support du conseil.» Le propos illustre que le périmètre des relations s’élargit. «L’agriculteur sera en communication avec un échelon de plus en amont et aval», voire jusqu’au consommateur, pas seulement par et pour la vente directe.
Inévitablement, l’impact ira au moins jusqu’à alimenter la question de la taille des exploitations. La numérisation permet les capteurs, l’agriculture de précision… donc, «grâce aux analyses, d’intervenir au bon endroit, au bon moment…» Elle permet aussi les automates. En contrepartie d’une capacité d’abstraction à développer, elle «permet de gérer des quantités plus grandes», voire l’impose. Car l’automate est une chose à financer. Si ce n’est par l’économie d’un salarié ou par un temps consacré à des tâches plus rémunératrices, ce sera bien par un autre moyen.
Dans son discours, Jean-Marie Séronie donne deux décennies au paysage agricole pour que les changements s’opèrent. Que l’on y soit hermétique, ou que l’on s’y intéresse un peu, ou totalement, une nouvelle donne se prépare. Si ça vous fait peur et qu’hier vous trouviez cela ridicule, demain, les automates, data, plateformes et le rôle de la multitude seront pour vous une évidence. Le propre d’une révolution.
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